Styx : Master of Shadows

Après Of Orcs and Men Cyanide studio revient avec Styx : Master of Shadows, un pur jeu d’infiltration aux possibilités nombreuses. Nous nous retrouvons aux commandes d’un frêle gobelin nommé Styx qui désire s’approprier le cœur de l’arbre-monde dont s’écoule, non de la sève, mais de l’ambre. Nous oublions donc l’aspect RPG et brutal que pouvait nous montrer Of Orcs and Men pour nous concentrer sur un aspect infiltration que nous inspire notre fourbe et vicieux gobelin.

Mais que vaut vraiment Styx : Master of Shadows ? C’est ce que nous allons essayer de voir dans cette review.

Petit et Vicieux

Il fait beau là haut ?

Nous incarnons Styx un gobelin fourbe, vicieux ainsi qu’avare, mais qui ne peut s’empêcher d’entendre des voix dont il ignore l’origine. Ces voix le pousseront à s’infiltrer dans Akenash, la forteresse des hommes, pour dérober le cœur de l’arbre-monde. L’ambre de cet arbre, qui remplace sa sève, semble être à première vue toxique, mais donne des pouvoirs étranges à certaines personnes dont Styx.

Vous ferez votre avancée dans un environnement hostile où vous devrez vous rendre d’un point A à un point B en accomplissant des objectifs simples. Votre chemin ne sera pas tracé d’une ligne droite, ce sera à vous d’utiliser les possibilités du décor comme bon vous semble. Porte, rebords, poutres et bien d’autres éléments feront votre route, il ne restera qu’à vous de choisir le chemin le plus adapter à votre gameplay.

Car oui, nous pouvons choisir comment avancer dans Styx : Master of Shadows, ou presque, très souvent il y aura un objectif qui vous indiquera qu’il ne faudra pas déclencher d’alerte ou encore de ne pas tuer un seul de vos ennemis. Mais vous pourrez choisir la voie du sang en accomplissant quelques assassinats si cela convient plus à votre style.
Malheureusement pour vous des humains, insectes et elfes vous barreront la route ou tout du moins essayeront. Il est d’ailleurs dommage de noter qu’au final l’IA de Styx : Master of Shadows est plutôt pauvre. Les humains ne chercheront pas bien longtemps ni très loin et vous oublieront pour reprendre leur ronde aussitôt que vous aurez trouvé un lieu où vous cacher.
La dynamique des cadavres à dissimuler n’est d’ailleurs pas aussi vitale que le jeu le prétend. Les gardes auront très vite repris leur ronde une fois un cadavre trouvé.

Je suis invisible !

Mais la faiblesse de l’IA est compensée par des unités diversifiées, tel que ces arbalétriers levant les yeux pour vous traquer dans chaque recoin, les exécrables insectes qui vous entendraient lâcher un pet si vous le pouviez ou encore les elfes, sensibles aux créatures de l’ambre telles que vous. N’essayez d’ailleurs pas de vous cacher, une fois repéré il est presque impossible de survivre une fois que plus de deux gardes vous traquent.

Bien heureusement, nous pouvons nous camoufler dans l’ombre (un tatouage brillant apparent, servant à nous indiquer quand nous sommes complètement dissimulés), mais cela n’empêchera pas les humains, arrivés à une certaine distance, de pouvoir vous repérer.

La plupart de vos ennemis se baseront sur la vue et l’ouïe pour savoir où vous vous dissimulez. S’il est plutôt simple de duper leur vue en se dissimulant dans l’ombre et en éteignant les torches qui sont sur votre route, il est plus ardu de duper leurs oreilles. Il vous faudra éviter de courir ou de renverser des objets tels que le balai et le seau que l’homme de ménage aura oublié des égouts ou de la chambre des nobles. On remarquera très vite que ces objets font un bruit du tonnerre et que donc les gardes auront tôt fait de vous remarquer. Pour notre plus grand bonheur, les développeurs se sont amusés à en placer une bonne quantité.
Le moteur physique est d’ailleurs d’assez bonne qualité, même si parfois effleuré un objet aura la fâcheuse tendance à le faire déplacer sur trois mètres, ce qui engendrera une alerte chez les gardes à cause du bruit.
Notre gobelin, armé d’une simple dague et de potions, devra donc faire preuve de patience et de ruse s’il veut pouvoir se déplacer dans cette tour.

C’est la bonne route !

Euh… La réponse D ?

Le level design de cette tour est d’ailleurs très bien pensé et plaisant à visiter. Les designers de levels s’en sont donnés à cœur joie pour que l’on ne trouve pas le chemin le plus simple au premier essai. Il vous faudra donc expérimenter de plusieurs manières la voie que vous aurez choisie. C’est d’ailleurs en faisant ces expérimentations que vous remercierez les développeurs d’avoir ajouté la fonction sauvegarde rapide qui vous sauvera de la perte de plusieurs heures de jeu, du moins si vous avez pensé à l’utiliser.
Nous revisiterons les niveaux quelquefois et quand le jeu nous demande de les refaire dans le sens inverse, on remarque que l’on ne passe, presque jamais, de la même manière que la première fois.

Vous êtes donc un amateur en infiltration, assassinat discret et en passage en douce n’hésitez pas à expérimenter vos méthodes, car chaque salle peut se résoudre de manière différente (mais je vous déconseille le passage en force, au risque de devenir de la bouillie de gobelin).
La force brute ne vous sera d’ailleurs d’aucune aide, Styx peut passer en mode duel quand un humain lui fait face seul, mais cela repose sur un système de parade au rythme particulièrement serré.
Heureusement, Styx dispose de moyens plus vicieux pour éliminer ses ennemis : faire tomber un lustre, pousser un ennemi dans le vide ou encore cracher dans le panier à nourriture (bon appétit) pour l’empoisonner. Mais si aucune de ces méthodes ne vous convient, vous pourrez toujours faire dans le classique et enfoncer votre dague dans l’ennemi discrètement, du moins si aucun autre garde ne vous observe. Ou bien rapidement et bruyamment si vous devez faire vite.

Par le pouvoir de l’ambre ancestrale !

Styx ne compte pas que sur son agilité et sa capacité à se dissimuler dans l’ombre, loin de là. Notre gobelin peut se vanter, suite à un contact prolongé avec l’ambre, de pouvoir utiliser certaines capacités qui lui sont fort utile. Le pouvoir de créer un clone est l’une de ses capacités, déposséder de pouvoir d’attaque notre clone servira de leurre contre les gardes et de corps pour l’utilisation de certains mécanismes. Vous pouvez toujours essayer de le garder en vie, mais il dispose d’une durée limitée et une fois sa tâche finie, il vaut mieux que vous l’exécutiez vous-même, l’empêchant ainsi de vous faire repérer. Styx possède aussi la vision d’ambre, une vue qui sert à repérer plus facilement les ennemis et certains passages. Cette vue ne nous permet pas de voir à travers les murs et l’on en remercie les développeurs, car si cela avait été le cas, le jeu aurait été d’une facilité déconcertante. Notre gobelin peut aussi se permettre de devenir invisible (attention cependant à ne pas rester sur la route d’un garde), ce qui est des plus efficaces quand on se dirige vers un passage ardu ou quand on veut échapper à un duel contre un garde. Mais faites attention à votre barre d’ambre, elle se vide très vite et c’est elle qui vous permet d’utiliser ces précieux pouvoirs.

Un peu vieillot…

Styx dispose non seulement de pouvoirs, mais aussi d’un arsenal. Il utilise des couteaux de lancer qui élimine instantanément un ennemi ne possédant pas de casque (dans le cas contraire, si vous en utilisez un, vous aurez perdu un couteau). Il peut aussi lancer des boules de sable servant à éteindre les torches à distance ou à énerver des orcs (cela ne sert à rien, mais on aime les énerver en envoyant des boules de sable). Et ce qui rend notre gobelin si vicieux est sans doute sa fiole d’acide, pouvant faire disparaître un corps en quelques secondes. Ces fioles ainsi que celles de santé et d’ambre font partie d’un inventaire qu’il faudra savoir économiser au risque de parfois se sentir bloquer.

L’aventure de Styx est agréable à suivre, mais il faudra sans doute compter deux heures par chapitre si vous voulez faire chaque objectif secondaire. C’est un bon point pour la durée de vie, mais si nous devons nous refaire deux heures pour un chapitre parce que nous avons oublié un objectif, cela va sans doute assez vite agacer le joueur (même s’il est vrai que nous pouvons refaire le chapitre d’une manière différente de la dernière fois). On pourrait aussi très vite se sentir agacé par la synchronisation labiale des personnages et certaines animations lors de cinématique, mais la qualité des voix des doublages et des dialogues nous feront très vite oublier ces détails. Car le travail fait sur Styx est réussi, anti-héros vicieux et peu scrupuleux qui se trouve avoir un charisme débordant.

On pourra juste râler sur la réalisation du jeu, son moteur donnant l’impression que le jeu est sorti en 2012 (les débuts de l’Unreal Engine 3). Certains élément de décors frustrants, comme la non-utilisation des cordages ou de certains points d’accroches, mais la plus grande frustration du jeu reste la gestion des sauts qui auraient dû être à revoir. Il faudra se battre avec notre caméra pour obtenir le bon angle pour ainsi pouvoir effectuer un bon saut, dans le cas contraire, on aura tôt fait de se retrouver au milieu d’ennemis ou dans le vide. Sans compter que le jeu compte un certain nombre de bugs qui n’aident pas à la gestion des sauts.

Conclusion

De nombreuses compétences

Styx : Master of Shadows est un jeu d’infiltration qui vous pousse à l’expérimentation. Son level design est un plaisir à visiter et à
revisiter et je ne doute pas qu’il saura plaire aux amateurs du genre. Même si techniquement le jeu est à la ramasse avec un manque de finitions et de détails à revoir, notamment les sauts, Styx est une très bonne surprise qui j’espère saura plaire. Cyanide peut être fier de son gobelin, c’est une perle du genre qui n’a rien à envier aux autres jeux d’infiltration.